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La fraude sur les bourses de fret explose : voici comment protéger votre entreprise
Les bourses de fret ne sont aujourd’hui plus seulement des places de marché numériques pour les missions de transport, mais également un terrain de chasse privilégié pour des réseaux criminels organisés. Une enquête menée par Dekeyser, spécialiste de la criminalité dans le transport, confirme une forte augmentation des signalements de fraude via ces plateformes ces dernières années. Les données récentes des compagnies d’assurance corroborent ce constat, avec une croissance exponentielle des déclarations de vol par des « faux transporteurs ».
La valeur des cargaisons dérobées peut largement dépasser les 500 000 euros. Une perte financière considérable, notamment pour les entreprises qui, en plus des marchandises, doivent faire face à une éventuelle responsabilité juridique.

Comment fonctionne la fraude sur les bourses de fret ?
Les criminels récoltent les données de vrais transporteurs, souvent directement via les bourses de fret. Ensuite, ils enregistrent une adresse email presque identique à celle de l’entreprise originale, par exemple en changeant légèrement l’orthographe : « logistic » au lieu de « logistics », ou une permutation subtile de lettres. Parfois, des certificats d’assurance et des autorisations sont falsifiés ou simplement téléchargés depuis des plateformes publiques.
Avec l’adresse email falsifiée, les fraudeurs contactent le donneur d’ordre, en faisant référence à des codes postaux ou des lieux de chargement/livraison. Dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, même des transporteurs réputés utilisent des services de messagerie gratuits tels que Gmail, ce qui rend le contrôle encore plus complexe. Une fois la mission attribuée, le camion se présente sur le site convenu, avec les bons documents. Mais une fois la cargaison chargée… elle disparaît sans laisser de trace.
Pourquoi les bourses de fret sont-elles si vulnérables ?
L’enquête montre que les bourses de fret jouent un rôle purement facilitateur : elles mettent les parties en relation, mais ne sont pas contractantes dans l’accord de transport. Cela rend pratiquement impossible de les tenir responsables en cas de fraude. De plus, il arrive que des expéditions soient transférées dans la chaîne sans que le transporteur principal en ait connaissance, et qu’elles se retrouvent sur une bourse de fret. Dans ce cas, le transporteur principal peut être tenu entièrement responsable du préjudice.
Comment protéger votre entreprise ?
La vigilance est essentielle. Vérifiez soigneusement les coordonnées, contrôlez les permis de transport, et soyez prudent lorsque vous engagez des sous-traitants inconnus via les bourses de fret. Il est conseillé de confier les cargaisons précieuses uniquement à des partenaires reconnus et fiables.
Si, malgré toutes les précautions, vous êtes victime d’une fraude : la rapidité d’action est clé. Signalez l’incident immédiatement à la police, avertissez toutes les parties concernées et rassemblez autant de preuves que possible (images de vidéosurveillance, emails, lettres de voiture CMR, etc.).
L’assurance, partie intégrante de la solution
Aucune assurance ne peut exclure totalement la fraude, mais une bonne police d’assurance transport reste un filet de sécurité indispensable. Les spécialistes observent que certaines formes de fraude peuvent être évitées relativement facilement. En cas de négligence, notamment dans la vérification ou lors du recours aveugle à des sous-traitants, le transporteur principal peut se retrouver confronté à une responsabilité étendue.
C’est pourquoi les compagnies d’assurance intègrent de plus en plus des clauses spécifiques concernant les sous-traitants et les processus de contrôle numérique. Non pas comme obstacles, mais comme incitations à une vigilance accrue dans le processus de transport.
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